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Hein Comment ?
31 août 2015

Manger des animaux morts

La question peut paraître absurde. Évidemment que, pour manger des animaux, il faut bien qu'ils aient été tués avant. On sait tous que derrière un steak, il y a un animal mort. Pourtant, la plupart du temps, nous faisons de l'animal un élément extrinsèque de la viande. On semble toujours agacé quand un végétarien, à table, nous rappelle que le gigot est avant tout une charogne. Quel moralisateur! Alors souvent, on fait mine d'oublier. Après tout, il faut bien manger de la viande pour vivre! Ça, c'est l'alibi. La nécessité de la viande, c'est un peu notre prétexte. Et puis, si on admet que la viande n'est pas, à l'évidence, nécessaire, on pourra toujours dire que, puisqu'on aime ça, la consommation d'animaux est, de fait, justifiée. Mon plaisir de manger une entrecôte l'emporte parce que je l'ai décidé. Les animaux ont juste besoin d'être bien traités. Tués avec amour. Comment peut-on concilier l'amour que l'on porte pour les animaux familiers (chats, chiens, etc.) et l'hécatombe à laquelle nous participons en donnant notre argent à ceux qui "tuent avec amour"? Martin Gibert, enseignant en éthique et en philosophie du droit, dans son dernier essai paru récemment Voir son steak comme un animal mort, explique cette ambiguïté inhérente à la nature humaine par le concept de "dissonance cognitive" qui se manifeste, en ce qui concerne la viande, par le symptôme suivant: "nous aimons les animaux et nous aimons manger leur cadavre". L'image du cadavre, nous la craignons. D'ailleurs, les industriels ont bien compris le message. C'est la raison pour laquelle il n'est pas inscrit sur les emballages de dentifrice: "contient de l'animal mort". C'est sûr que, dit comme ça, ça fait un peu moins vendeur. Alors, on camoufle le truc. En fait, c'est là que la "perception morale" intervient selon Martin Gibert. La perception morale des mangeurs d'animaux est plutôt "confuse". De ce fait, un téléspectateur, amateur de steak, peut être choqué qu'un candidat d'une émission télévisée tue un cochon pour se nourrir: comme cette violence n'est pas nécessaire (il s'agissait du dernier repas sur l'île), je ne comprends pas l'intérêt de tuer un animal.

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