Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Hein Comment ?
21 novembre 2017

Combattre l’exclusion sociale des jeunes des quartiers populaires

L’exclusion sociale des jeunes vivant dans les quartiers populaires est un problème latent depuis des décennies, plus ou moins ressenti par l’opinion publique et les responsables politiques suivant les phénomènes qu’il provoque au fil des années. Il pourrait tomber dans l’oubli si des événements violents et ponctuels ne venaient pas régulièrement rappeler les déficits des institutions démocratiques pour lutter contre la discrimination. Ainsi en a-t-il été des révoltes urbaines d’octobre 2005 en France et dans d’autres pays européens. La plupart des jeunes vivant dans ces quartiers sont, on le sait, les enfants d’immigrés. Produits d’une double culture malgré eux, ils sont, comme tout citoyen né en Europe, censés disposer des droits qu’offrent nos sociétés modernes : éducation, emploi décent et évolution professionnelle, logement et cadre de vie sain, santé et autres services sociaux, possibilité de construire une famille, de gagner une autonomie et de s’affirmer dans l’espace collectif. Or la plupart d’entre eux sont loin d’avoir de fait ces droits et ressentent leur appartenance à une double culture comme un obstacle à sa jouissance et à la construction de liens sociaux et de réseaux d’appui. La ségrégation implicite ou explicite ainsi que l’absence de reconnaissance sociale exigent un effort accru de leur part pour subvenir à ce que nos sociétés appellent intégration. Cet état de fait qui se pose de manière récurrente, notamment dans les pays d’Europe qui ont pratiqué la migration massive depuis plus d’une génération (France, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas), ouvre à deux types de questions : – d’un côté, celles relatives au traitement plus immédiat du problème : comment et pourquoi lutter contre ces formes d’exclusion des jeunes qui font perdre des ressources humaines importantes à nos sociétés ? – d’un autre, celles concernant une réflexion stratégique à long terme, sur la façon d’éviter que les jeunes vivant dans les quartiers populaires (notamment les enfants de la deuxième et troisième générations d’immigrés) soient des victimes systématiques des mécanismes d’exclusion qui mettent en danger la cohésion sociale. En effet, on ne peut pas bâtir des sociétés cohésives sur l’inutilité sociale d’une partie de la jeunesse. Ces deux aspects ne sont néanmoins pas étrangers ni séparés. On pourrait même définir une certaine échelle dans la façon de traiter le problème, que l’on mette l’accent sur une approche incitant à une « diminution des tensions immédiates » ou à une « stratégie sociale ». La première prend le dessus quand la révolte éclate. Alors, la nécessité d’assurer « l’Etat de droit » est mise en avant en organisant la fermeté et des mesures répressives, comme on l’a constaté récemment en France. Par ailleurs, des mesures que l’on appellera « curatives » sont renforcées, notamment l’appui aux services sociaux et du milieu associatif dans les quartiers populaires, des appels aux entreprises pour l’embauche des jeunes, même avec des contrats temporaires ou de formation soutenus par des mesures fiscales ou autres. Ces approches se trouvent le plus souvent limitées par deux facteurs qui en réduisent la portée : d’une part leur coût, du fait des moyens qu’elles demandent de mobiliser et de la réticence plus ou moins marquée des gouvernements à les assurer ; d’autre part une tendance à se mettre en œuvre comme réponses dans le court terme lorsque les problèmes deviennent « visibles » : il s’ensuit un cycle récurrent entre problème, traitement, limites du traitement et résurgence. Aborder le problème d’un point de vue stratégique implique sa prise en compte dans toute la réfl exion et l’action politique. En effet, l’expérimentation pilote qui existe en Europe sur le traitement de la question avec plus ou moins de succès devrait devenir une politique commune. Le rétablissement de la confiance entre jeunes et le reste de la société est un exercice de tous les jours, dans tous les espaces publics où le rapport entre eux et les structures publiques et privées s’établit. Il ne s’agit pas uniquement, comme il a été fait, d’ouvrir par exemple la police aux enfants des immigrés comme solution de confiance : cela voudrait dire que l’on attache de l’importance à un seul type de rapport institutionnel, notamment avec les forces de l’ordre. Au contraire, c’est la quotidienneté qui doit devenir l’espace de la construction d’une confiance stable, pour n’importe quel jeune. Si l’attention institutionnelle et sociétale se focalise uniquement sur les moments d’exception, comment développer le sentiment d’appartenance indispensable pour tisser des liens avec les autres et se sentir partie prenante d’une responsabilité globale ? Etre l’exception est intéressant uniquement lorsque la perception de telle condition est positive. Mais on doit convenir qu’être l’exception négative représente plutôt un lourd fardeau.

Publicité
Publicité
Commentaires
Hein Comment ?
Publicité
Archives
Publicité